69pixl>
La sortie du livre-enquête de Victor Castanet « Les Ogres » paru fin septembre 2024 met en lumière les dérives de certaines crèches privées où la recherche de la rentabilité peut parfois primer sur la qualité des soins, la dignité et le bien-être des tout-petits. Catherine Fischer, Directrice du Secteur Petite Enfance nous livre son analyse et rappelle que la mission première de notre association est d’accueillir, accompagner et protéger les enfants qui nous sont confiés.
Que dénonce l’auteur dans son livre et quelle analyse pouvons-nous en faire ?
Victor Castanet expose les pratiques des crèches privées lucratives et toutes les dérives qu’il peut y avoir dans l’accueil.
Notamment les conditions de travail difficiles pour le personnel pouvant conduire à des situations de maltraitance et de négligence. Les jeunes enfants se retrouvent dans des conditions indignes alors qu’ils ne peuvent pas se défendre ni raconter ce qu’ils subissent. Il dénonce la recherche du profit avec notamment les rationnements alimentaires et les économies sur les fournitures des couches et en parallèle le sureffectifs d’enfants afin d’assurer une forte rentabilité .
Ces pratiques dénoncées dans le live rejoignent malheureusement les constats qui avaient été faits il y a quelques années avec la marchandisation des EHPAD, et je voyais déjà arriver la reproduction de cette gestion sur les crèches, notamment avec l’arrivée du secteur concurrentiel lucratif dans le domaine de la petite enfance.
Au sein d’ACOLEA qu’est-ce-qui nous différencie des crèches privées lucratives ?
Malheureusement, l’amalgame peut parfois être fait avec les crèches privées mais non lucratives, comme cela est notre cas au sein d’ACOLEA.
Il en va de notre devoir d’expliquer et de défendre la différence entre l’accueil collectif en crèche associative ou municipale et les dérives au sein des crèches privées lucratives qui sont décriées dans le livre.
Nous tenons à ce que les taux d’encadrement soient respectés. Si nous sommes en manque de personnel, nous diminuons la capacité d’accueil, voire l’amplitude d’ouverture.
Actuellement tout le secteur de la petite enfance est impacté par la pénurie de professionnels, mais nous faisons en sorte de nous adapter à la situation.
Nous ne cherchons pas à faire des économies sur des charges qui impactent les besoins fondamentaux des enfants comme manger ou être propre. Le nombre de repas préparés ainsi que le nombre de couches tiennent compte du nombre d’enfants accueillis.
Quelles actions ont été mises en place pour pallier aux disfonctionnements ?
En 2023, l’Etat a mandaté l’Igas (L’Inspection générale des affaires sociales) pour mener une enquête au sein des crèches afin d’examiner les conditions de fonctionnement et de sécurité dans les crèches françaises, en analysant également l’impact de la marchandisation de ce secteur.
Toutefois, plus d’un an après la publication de ce rapport, et malgré les nombreux contrôles effectués, certaines pratiques persistent comme cela est relaté dans le livre-enquête… Qu’en sera-t-il durant les prochains mois ?
Quel engagement de l’Etat doit-on attendre pour le secteur de la Petite Enfance ?
Malgré la récente refonte de la convention collective, que nous appliquons et qui a permis de rehausser les salaires, le secteur de la petite enfance continue de faire face à des difficultés de recrutement importantes. Nous attendons de la part des collectivités des subventions de fonctionnement qui nous permettront de tenir compte de tous ces aléas. Car la pénurie de professionnels ne nous permet pas toujours d’assurer le remplacement des salariés absents, et encore plus dramatique, de recruter sur les postes vacants, ce qui nous impose de faire de plus en plus appel aux agences d’intérim.
Nous attendons également des moyens supplémentaires au sein des instituts de formation, pour que nous puissions avoir plus de professionnels diplômés qui sortent des écoles. Les quotas ont été augmentés, pour autant il n’y a pas plus de personnes diplômées qui postulent pour travailler dans les crèches.
L’engagement continue pour préserver le modèle associatif !